En décembre 2014, il a été décidé que 2015 serait l’année internationale des sols. Vous ne le saviez pas? N’ayez crainte, c’est le cas de bien des gens. Beaucoup d’entre nous ignorent la valeur de la terre, et je vais tenter de changer cela.

Lorsque Jose Graziano de Silva, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, a choisi 2015 comme année internationale des sols, j’en suis venu à la conclusion que c’était pour moi une opportunité irrésistible.

Il y a plusieurs années, j’ai appris que mon succès en tant que jardinier dépend en très grande partie d’une seule chose : la qualité de la terre dans laquelle je plante. Il va sans dire que cette règle d’or pour avoir un jardin productif est également à la base de notre succès en tant que civilisation.

Pour commencer, voici quelques statistiques intéressantes. Vous pourrez étaler vos nouvelles connaissances au bureau lundi matin!

  • cela peut prendre jusqu’à 1 000 ans pour qu’un centimètre (environ ½ pouce) de nouvelle terre soit créé naturellement
  • 33 % des sols du monde sont « dégradés » en raison de notre négligence et d’un mauvais usage
  • 805 millions de gens souffrent de malnutrition dans le monde
  • la croissance de population projetée nécessiterait une augmentation de la productivité agricole de l’ordre de 60 %
  • 95 % de toute la nourriture provient du sol (rappel : la plupart des animaux utilisés pour la consommation par les humains se nourrissent de végétaux)
  • plus du tiers de notre nourriture est gaspillé et plus de la moitié de nos déchets domestiques pourrait être compostée pour produire de la nouvelle terre
  • il y a plus d’organismes vivants dans une cuillère à soupe de terre de bonne qualité qu’il y a d’humains sur la Terre (plus de 7 milliards)
  • 2 hectares/4,9 acres de terre sont recouverts par des villes en développement chaque minute dans le monde

Je sais, ces données sont déprimantes, mais elles ne visent qu’à vous informer. Elles peuvent aussi nous motiver à se pencher plus sérieusement sur ces problèmes de taille qui méritent tout autant notre attention que les changements climatiques, le déclin de la forêt urbaine et la pollution des océans. Le sujet a seulement été moins médiatisé que les autres.

Jose Graziano de Silva a qualifié les sols de « ressource presque oubliée » et a appelé à plus d’investissements dans la gestion durable des sols. Il ne fait aucun doute que nous devons faire plus attention à la façon dont nous utilisons le sol. Cela remet en question, par exemple, la culture du maïs pour la production d’essence. Alors que ces mêmes terres pourraient être utilisées pour nourrir les populations dans le besoin, on est en droit de se demander pourquoi nous choisissons de nourrir une vaste flotte de véhicules automobiles.

Il est intéressant de noter que ce qui se passe sous la terre est loin d’être simple. Il s’agit d’une grosse marmite de microbes, de bactéries, de champignons et de minuscules organismes. C’est une jungle dominée par le ver de terre (il n’existe aucune espèce de vers de terre indigène au Canada).

Cela me fascine depuis que j’ai pris conscience de la complexité des sols. Nous creusons un trou, nous ajoutons un peu de fumier composté et nous plantons une plante, un arbre ou un arbuste. Nous arrosons puis nous prenons une petite pause café. Avant, je m’intéressais peu à la façon dont les racines d’une nouvelle plante s’intègrent à la terre, ou encore à comment, avec le temps, de nouvelles racines se développent et s’enfoncent dans ce cocktail de nutriments.

Avec l’année internationale des sols, l’objectif est de s’arrêter un peu et de réfléchir à l’importance de la vie sous terre et à ce qu’elle représente pour nous. Il en va de notre capacité à subsister.

Quels gestes concrets pouvons-nous poser pour faire une différence? Voici quelques suggestions :

1. Compostez.

  Je sais, la plupart des lecteurs utilisent leur bac vert comme il se doit, et certains (bien que ça ne soit pas la majorité) ont un bac à compost à l’extérieur, qu’ils remplissent de temps à autre. Je vous prie de prendre plus au sérieux l’importance de composter les matières telles que les restes de table et les feuilles mortes.
Le concept du compostage est devenu populaire il y a plus d’une vingtaine d’années. À l’époque, j’avais coécrit un livre avec mon amie Lorraine Johnson, intitulé « The Real Dirt » ( « La vraie terre »), sur le compostage domestique.  Grâce aux recherches de Lorraine, le livre fut considéré comme la référence en la matière et fut même utilisé dans certains cours universitaires au Canada. Je vous invite fortement à visiter le site www.compost.org  afin d’en apprendre davantage et de nous aider à faire preuve de plus de sérieux en matière de compostage.

2. Amendez votre sol

avec de généreuses quantités de compost tôt au printemps, avant de planter. Un mantra populaire en production bio : « Nourrit le sol et les plantes feront le reste ». Cela est vrai, en grande partie. Avec une abondance de bonnes choses au niveau de la motte racinaire des plantes, vous serez surpris de voir le peu d’insectes et de maladies qui vont se manifester.
Le Conseil canadien du compost (CCC) a établi de nouvelles lignes directrices sévères pour la qualité du compost, appelées « Alliance de la qualité du compost » (AQC). Ces lignes directrices représentent les normes les plus rigoureuses de l’industrie. Le printemps est le meilleur moment de l’année pour amender un sol. Utilisez un compost certifié, comme le fumier de bovin composté ou le mélange de compost avec crevettes Biomax.

3.Apprenez des fermiers.

Les bons fermiers comprennent que c’est le sol dont il faut s’occuper le plus. C’est la base d’une bonne récolte. Ils ajoutent donc au sol de généreuses quantités de fumier animal décomposé et de matières végétales compostées. En fin de compte, ils donnent plus au sol qu’ils n’en retirent.
Pour les détails concernant l’année internationale des sols, visitez le www.fao.org.

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